22 juin [1847], mardi après-midi, 2 h.
Eh bien, qu’est-ce qui vous arrive donc, mon amour ? Voilà 1 h. que je suis sous les armes, n’osant rien entreprendre dans la crainte de vous faire attendre, et vous ne venez pas ? Ce n’est pourtant pas l’heure de souper ? Je vous assure qu’il y a là un abusa de pouvoir indigne d’un homme aussi bon prince, bon père, bon époux, bon représentant et très fichu amant que vous êtes. Pour un peu j’enverrais tout au diable et j’irais voir dans les bastringues si vous y êtes avec la certitude de vous y rencontrer. On dit que vous voici, ce ne serait pas très malheureux. Il est vrai que cela pourrait être l’heure de déjeuner et vous êtes très homme à accomplir douze devoirs comme celui de cette nuit sans en être essouffléb. Je le sais et je ne vous en blâme pas mais ce dont j’aurais peut-être le droit de me plaindre, ce sont les factions que vous me faites monter hors détours.
24 janvier, mercredi, 8 h. du matin [1]
Bonjour vous, bonjour pauvre Toto. Sans Louise [2] vous auriez vu ce gribouillis hier et je ne sais pas trop ce que vous y auriez gagné si ce n’est de vous frotter une fois de plus le nez contre mes stupidités. En attendant que vous y renonciez, je vous apporte mon tribut deux fois par jour sans crainte d’appauvrir mon esprit et sans espoir d’enrichir votre cœur.
Juliette
Leeds, BC MS 19c Drouet/1847/38
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen
a) « abut ».
b) « essouflé ».