31 août [1845], dimanche matin, 8 h. ¼
Bonjour, mon adoré bien-aimé, bonjour, mon Victor, bonjour, j’ai le cœur plein de regret et de confusion. Je sens que j’ai été méchante, injuste, bête et ridicule hier au soir sans aucun motif purement et simplement parce que j’étais [plusieurs lignes illisibles]. Mon généreux petit Toto, je t’en demande pardon à genoux. Si tu pouvais voir le regret et [plusieurs lignes illisibles] avec ta voix si douce : pauvre Juju, pauvre méchante, pauvre bête, je te pardonne, baise-moi, souris-moia et ne sois plus injuste. Je sais bien que tu [illis.] la générosité de me [illis.] hier [plusieurs lignes illisibles] et si stupidement irrités que je n’en ai pas profité avec toute la reconnaissance et tout le bonheur que cette nouvelle preuve de bonté aurait dû m’inspirer. C’est pourquoi je te supplie de me pardonner encore et de ne conserver aucune mauvaise impression de cet accès de méchanceté inepte. J’ai déjà demandé à ma fille pardon du mauvais exemple que je lui avais donné en lui faisant remarquer combien tu avais été ineffablement bon [plusieurs mots illisibles] généreux, patient et adorable, là où tout autre homme eût été furieux, emporté, brutal, amer, sans pitié [illis.] avec raison. Ô je voudrais que tu vinssesb dans ce moment-ci pour te demander pardon devant elle, cette pauvre enfant, pour couvrir tes mains et tes pieds de baisers, d’amour, de respect et de repentir. Je ne serai délivrée de mon serrement de cœur et de mon [illis.] que lorsque je t’aurai demandé pardon [plusieurs mots illisibles].
Juliette
BnF, Mss, NAF 16360, f. 212-213
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « souris-moi » est souligné deux fois.
b) « tu vinsse ».