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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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10 juin 1844

10 juin [1844], lundi matin, 10 h. ⅟₂

Bonjour, mon Toto adoré, bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, mon soleil, ma vie, ma joie, mon âme. Bonjour, je t’aime. Tu as vu que j’ai succombé au sommeil hier malgré mes belles résolutions ? Il m’a été impossible de veiller au-delà de minuit. Il est vrai que j’étais très fatiguée car cette pauvre petite Lanvin, pleine de bonne volonté d’ailleurs, n’y voit goutte et ne pouvait me rendre aucun service. Aujourd’hui, c’est différent. J’ai Eulalie avec moi et celle-là fait plus d’ouvrage qu’elle n’est grosse et tout cela avec une douceur, une gaieté qui vous rafraîchit et vous rend heureux. Je serai donc moins fatiguée aujourd’hui qu’hier, et moins découragée aussi. Je t’aime mon Victor. Je sens de plus en plus que ma vie est attachée à mon amour. Tu es pour moi l’air que je respire, le soleil qui réjouit mes yeux et mon cœur. Tu me fais espérer que d’ici à deux ou trois jours, tu seras plus avec moi ; moi, je compte sur ta promesse, mon bien-aimé adoré. J’en ai bien besoin pour me récompenser de tant de jours de privation, de chagrin et d’inquiétude pendant lesquels je ne t’ai pas vu. Je baise tes chers petits pieds.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 133-134
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette


10 juina [1844], lundi soir, 6 h. ⅟₄

Penses-tu à moi, mon cher adoré ? M’aimes-tu ? Te verrai-je bientôt ? Je te désire et je t’attends avec bien de l’impatience. Cela ne t’étonne pas, n’est-ce pas, mon amour ? J’ai reçu une lettre de ma pauvre Clairette qui me prie de la faire sortir samedi. Je lui ai répondu tout de suite que cela ne se pouvait pas. Tu penses bien que de toute façon, je ne veux pas que ma pauvre péronnelle couche sur ce lit dans lequel l’autre a sué je ne sais quelle maladie [1]. Il faut auparavant que je fasse laver, battre et refaire les matelas. J’ai écrit aussi à la mère Luthereau et je lui ai fait compliment de l’article de son mari [2]. Le médecin est venu et a ordonné une bouteille d’eau de Seltz à Suzanne, qui vient de la boire tout à l’heure. Du reste, il la trouve bien et ne paraît craindre aucune suite fâcheuse à cette petite maladie. Voilà, mon amour, le bulletin de la journée. J’avais oublié que c’était aujourd’hui le jour de Granger. Heureusement que tu venais de me donner les 10 F. qu’il lui fallait ; s’il était venu un quart d’heure plus tôt, j’aurais été très vexée. Maintenant, je suis sans un sou mais ça m’est égal. Baise-moi et aime-moi. Viens tout de suite et ne t’en va plus, et je ne demande pas autre chose. Je le crois fichtre bien.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 135-136
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « 11 juin ».

Notes

[1Suzanne, la domestique de Juliette, a été très malade les jours précédents.

[2À élucider.

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