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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 janvier [1837], vendredi matin, 11 h. ½

Bonjour mon petit Toto chéri. Je t’aime mon pauvre amour, je t’aime toi. Tu es pauvre bien aimé pour lequel je serais heureuse de donner ma vie. Tu es un grand poète pour lequel je n’ai pas assez d’admiration, tu es mon amant adoré pour qui j’ai toute l’adoration d’une Sainte pour son bon Dieu. Je me suis levée tard parce que je me suis endormie tard, Mme Guérard n’est pas encore venue et je me dépêche tant que je peux, pour lui donner sa NOURRITURE quand elle viendra. Quel dommage que ce ne soit pas toi à la place d’elle : un bonheur à la place d’une corvée, mais tu viendras peut-être pendant ce temps là, c’est un espoir que je n’abandonne jamais parce que cela me tient lieu d’air, de soleil et de vie quand tu n’es pas là.
Je t’aime, vois-tu mon cher adoré, je t’aime de toute mon âme, je t’aime comme il ne m’est pas possible de le dire.
Je t’aime en amour et en amitié et en passion et en dévouement. Tu es mon tout.
Comment va le pauvre petit Toto Victor Hugo mon favori mon bien-aimé après toi [1]. J’espère que sa petite fièvre n’existe plus et que tu es tranquille. Je t’aime, je t’aime.

J

BnF, Mss, NAF 16329, f. 101-102
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette


27 janvier [1837], vendredi soir 6h ¼

Je suis bien fâchée, mon cher aimé, d’avoir promis une chose qui te contrarie, mais je t’ai vu si souvent écrire sur des albums de gens inconnus que je ne pensais pas commettre une grave indiscrétion en te demandant de donner quelques lignes de ta main adoréea à des personnes dont l’admiration pour toi est presqu’égale à la mienne. Une autre fois je serais plus sobre de mes générosités quand elles devront te coûter la moindre peine ou la plus petite contrariété.
Je te prie de me pardonner pour cette fois et de ne voir dans cet acte qu’un mouvement d’enthousiasme pour des gens qui paraissent t’aimer et t’admirer, cela tient à ce que je ne suis pas blasée sur tout ce qui tient à tes succès. Je te dis tout ceci bien longuement parce que j’ai le cœur gros et les yeux pleins de larmes du souvenir de l’accueil que tu as fait à ma demande, mais je te promets d’être plus discrète à l’avenir.
Jour . Il paraît mon cher bijou que tu as été obligé d’accompagner Joly. Je ne t’en veux pas. Je t’aime. Après tout tu me feras sortir quand tu pourras. Je sens bien que tu as bien des choses à faire.
Je t’aime et je sens bien que je t’aimerai tant qu’il restera quelque chose de moi de corps ou d’âme.
Je t’attends avec patience et résignation. À bientôt si tu peux, je baise tes mains et tes pieds.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 103-104
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « adoré ».

Notes

[1Le petit François-Victor Hugo a été malade.

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