13 janvier [1837], vendredi après midi, 1 h.
Bonjour mon bien aimé. As-tu bien dormi cette nuit ? as-tu eu pitié de tes pauvres yeux ? La pensée que tu travailles toutes les nuits sans relâche m’empêche de dormir moi-même et me faita voir comme dissipation toutes les dépenses que je fais pour mes besoins. C’est aussi pour cela que je te prie de ménager un peu ta santé et tes yeux afin que je sois moins tourmentée et moins inquiète quand je pense à toi.
Vois-tu mon bon petit homme ce que nous disions hier sur les améliorations à faire dans notre petite chambre : nous attendrons que nous soyons très riches pour réaliser tous nos petits rêves de mille et une nuits. Alors ce sera très gentil et je n’aurai pas le remords de les devoir à ton repos.
Jour Toto, il fait bien mauvais et bien sombre, heureusement que les courses que nous avions à faire l’ont été [hier ?], ce qui nous permet de rester chez nous, car j’espère que tu vas venir tout à l’heure dans notre petit chez toi et que nous pourrons être heureux et joyeux à la barbe du mauvais temps. En attendant mon petit Toto chéri, je vais bien penser à toi et bien t’aimer de toutes mes forces.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16329, f. 51-52
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette
a) « fais ».
13 janvier [1837], vendredi soir, 4 h.
Mon cher petit homme, j’ai eu l’ouvrier et l’ouvrière de Jourdain depuis tantôt 2 h., j’en ai profité pour faire toutes les petites réparations qu’il y avait à faire. Les voici qui s’en vont à l’instant même.
Je ne suis point encore habillée, ni débarbouillée à cause de cela. Mais je vous aime mon Toto, et même je vous adore de tout mon cœur et de toute mon âme, quoiquea je ne vous aie pas vu de la journée.
Quel temps, quel fichu temps, on n’y voit pas clair du tout, heureusement que l’amour est aveugle et ne s’aperçoitb pas des éclipses si fréquentes de notre soleil.
Mon petit Toto, mon petit Oto, mon petit To, mon petit O, je suis votre bonne vieille et fidèle Juju qui vous attends avec patience et courage, mais cependant vous n’en abuserez pas, n’est-ce pas mon amour ? car enfin si je ne drogne pas, je n’en soufre pas moins en dedans.
Je t’aime, que je te dis, voilà tout, après, eh bien je t’aime si ça ne vous convient pas, tant pire.
BnF, Mss, NAF 16329, f. 53-54
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette
a) « quoi que ».
b) « apperçoit ».