Lundi matin, 11 h.
Bonjour, mon cher petit homme, avez-vous passé une meilleure nuit que moi ? Regrettez-vous votre pauvre vieillea femme qui vous aime tant ? J’espérais vous voir ce matin, il paraît que je m’étais trop flattée. Je viens de recevoir une lettre de Saumur qui n’est pas celle que j’attendais. On m’annonce dans celle-ci que M. de Barthès est à Paris et qu’il pourrait bien me venir voir. J’ai donné l’ordre qu’on le laissât monter. Je ne serais pas fâchée d’avoir des renseignements plus détaillés sur Claire.
Je suis un peu souffrante ce matin, cela tient en partie à mon nouveau veuvage, et à une indisposition périodique qui m’est revenue aujourd’hui.
Mon pauvre cher Toto, je fais bien tout mon possible pour supporter ton absence. Cela ne m’empêche pas d’être bien triste.
J’ai eu ce matin la blanchisseuse que je n’ai pas payéeb et pour cause : je n’ai pas encore reçu les lettres en question.
Mais que je t’aime donc. Si cela continue, je ne saurai plus où mettre mon amour. Il y en aura plus plein que mon cœur.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16324, f. 213-214
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « vielle ».
b) « payé ».