Mercredi soir, 8 h. 20 m.
[Avant le 25 juillet 1835 [1]]
Mon pauvre petit Toto, mes pressentiments ne se sont trouvés que trop justesa. Tu es malade, mon pauvre cher bien-aimé. Oh, pourvu que ce ne soit rien. Pourvu que ce soir, je te voie avec tes bonnes joues fraîches, avec ton air de force et de santé.
Je trouve le temps ce soir trois fois plus long qu’à l’ordinaire. Je voudrais déjà t’avoir revu, savoir comment tu es, comment tu vas. Je ne sais pas si c’est l’orage seul ou bien si mon impatience y est pour quelque chose, mais je suis absolument comme dans un bain de vapeur. Je n’en peux plus de chaleur et de transpiration.
Soigne-toib bien, pense à moi qui suis triste de la seule pensée que tu pourrais être malade et qui ne sauraisc que devenir si ce malheur arrivait sérieusement. Pense à notre petit voyage qui serait peut-être manqué par cet incident. Soigne-toib, oh, soigne-toib bien. Nous avons tant d’arriéré de bonheur à rattraper que nous avons besoin de toutes nos forces et de tout notre bien-être pour en jouir à notre aise.
Mon pauvre cher petit homme, reviens bien vite auprès de moi parce qu’à présent que je sais que tu es malade, je m’inquiète pour de bon. Bonsoir, dors bien, je te baise partout et sur ton petit ventre.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16324, f. 118-119
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « juste ».
b) « soignes-toi ». Correction à appliquer à toute la lettre.
c) « saurait ».