Dimanche 10 h du matin
[10 mai 1835] [1]
Bonjour, mon cher bien-aimé, j’espère que tu as passé une meilleure nuit que la mienne et je m’en réjouis en pensant combien ta chère petite personne avait besoin de ces quelques heures de repos.
Voici quatre lettres que je recommencea, ce qui ne m’est pas habituel – car ordinairement, je t’écris au courant de mon cœur. Ce matin, je suis très embarrassée pour revenir sur ce qui s’est passé entre nous hier soir, parce que je sens bien que je n’ai pas plus d’esprit ce matin qu’hier au soir et que je ne veux plus m’en remettre à mon amour du soin de rendre compte des impressions qu’il reçoitb parce qu’il s’en acquittec trop mal.
Voici la cinquième fois depuis une demi-heure à peu près que je suis en face de cette difficultéd de te dire ce que j’ai pensée et sentif en lisant ta préface. Soit bêtise, soit défiance, je ne trouve rien en moi que de l’amour pour tout ce que tu dis, que de la reconnaissanceg pour l’œuvre admirable qui tend à relever la pauvre femme tombée et à consoler la pauvre femme sacrifiée. Je suis très triste et fort troublée parce que je sens bien que ce n’est pas assez pour un homme comme toi, et dans ta position. Je suis honteuse de ma nullité, je voudrais pouvoir avoir de l’esprit plus que de l’amour puisque c’est cela qui convient à tes besoins et à tes habitudes. Je suis affreusementh
BnF, Mss, NAF 16323, f. 239-240
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « reccommence ».
b) « reçoie ».
c) « acquite ».
d) « difficultée ».
e) « pensée ».
f) « sentie ».
g) « recconnaissance ».
h) La lettre se termine ici.