1er juin 1860

Guernesey, 1^er juin 1860, vendredi matin, 8 h

Bonjour mon cher bien-aimé, bonjour, amour, bonheur et soleil pour nous aujourd’hui, je l’espère, malgré les incertitudes du baromètre ce matin. As-tu bien dormi, mon cher petit homme ? Tu t’es couché si vite hier au soir que je n’ai pas eu le temps de te voir dans ton lucoot. Tu as très bien fait et si je n’en ai pas fait autant c’est que mes tontonnages préliminaires pour la nuit sont plus longs que les tiens. J’espère que la viduité de M^me Duverdier aura profité hier à tout Hauteville House et que la soirée aura été moins morose que ne le sont ordinairement celles^a où tu manques quand tu dînes chez moi. J’ai bien de la peine à formuler une idée pourtant bien simple et qui ne demande pas de grands efforts de plume. Mais je suis si maladroite en toute chose que je ne me tire avec honneur de rien. Cela ne m’empêche pas pourtant de réclamer à cor et à cri ma copire le plus tôt possible. En attendant je t’aime plus que plein mon cœur et je te désire ardemment pour te baiser de la tête aux pieds.

BnF, Mss, NAF 16381, f. 128
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette

a) « celle ».