Guernesey, 22 mai 1860, mardi matin, 7 h. ¼
Bonjour, mon cher petit homme. Bonjour, amour et bonheur à toi. J’espère que tu as passé une bonne nuit et que nous passerons une bonne journée un peu plus ensemble qu’hier. Dès midi je me mettrai à ta disposition pour toutes les promenades que tu voudras faire et ce sera tous les jours de même, les jours de pluie exceptés et de ménage à fond. À partir de demain je ferme mon TRIPOT jusqu’à l’hiver prochain. Cela nous laissera toutes les soirées libres pour les promenades. J’espère que ce projet aura ton approbation. En attendant je me dépêche de faire toutes mes affaires pour être prête à tout ce qu’il te plaira tantôt. Tu ne m’en veux pas d’avoir [illis.] Marquand hier au soir, mon cher petit homme ? J’étais vraiment trop fatiguée pour recommencer une nouvelle soirée à dix heures. Et quant à lui il n’aura pas perdu au change, AU CONTRAIRE et je ne le plains pas, tant s’en faut. À propos c’est aujourd’hui ma vraie fête, d’après l’almanach [1]. J’en profite pour t’aimer en fleur et joie et pour te tirer un nombre indéfini de baisers de toutes les couleurs.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16381, f. 120
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette