Guernesey, 15 mars [18]70, mardi matin 7 h.
Temps froid, cœur chaud, tel est mon bulletin météorologique. Je serais curieuse de connaître le vôtre pour savoir en quoi il diffère du mien. Malheureusement nos bureaux des longitudes ne communiquent pas assez entre eux pour être renseignés utilement. Et puis j’espère que vous avez trop bien dormi pour avoir pu faire beaucoup d’observations pendant cette nuit et constaté comme moi la lenteur avec laquellea se traînent les heures noires de la nuit tirant après elles l’insomnie blanche. Mais en voilà beaucoup trop déjà sur mes infortunes nocturnes, j’ai mieux que cela à vous dire. JE T’AIME. PARBLEU ! JE T’AIME. ET PUIS APRÈS ? JE T’AIME. ET VOILÀ TOUT ? TOUT, TOUT, TOUT SI CELA NE TE SUFFIT PAS, TANT PIS, JE NE SAURAI PAS MIEUX FAIRE. DIEUX ET DÉESSES ! comme dirait J. Janin, c’est demain que vos divinités fichent le camp [1] ! Permettez-moi de m’en gaudir dans mon for intérieur. J’espère que le flot qui les emporte ne les rapportera pas de sitôt sinon je demande aide et protection au gouvernement personnel.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 75
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette
a) « lesquelles ».