Guernesey, 4 avril [18]70, lundi matin, 6 h. ½
Je t’aime, voilà mon bonjour en cinq LETTRES, mais je suis inquiète de ta nuit, sans savoir pourquoi, à moins que ce ne soit l’influence du temps triste de ce matin qui trouble ma pensée et mon cœur et me fasse voir tout en gris. Espérons-le jusqu’à plus amples renseignements. Je viens de rapporter la feuille manuscrite que tu avais oubliée dans le salon hier soir, sans oser risquer un œil indiscret dessus, ce qui n’est pas aussi simple ni aussi facile que cela en a l’air. C’est aujourd’hui que tu connaîtras la nouvelle condamnation de ton ton Charles. Heureusement qu’à la distance où il est de la poigne du Bonaparte il s’en fiche. Mais les amendes ? Qui est-ce qui les paieb ? « That is the question » dont je crains de deviner la réponse. En attendant voilà mon mot de la fin : je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 95
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette