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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 août [1839], samedi matin, 9 h. ½

Bonjour, mon cher petit bien-aimé, bonjour, mon Toto chéri. Comment va ta chère petite tête, mon amour ? J’ai rêvé de toi toute la nuit. Je t’aime, mon Toto. C’est aujourd’hui que Mme Krafft doit venir dîner avec moi. Comme elle ne m’a pas écrit je ne pense pas qu’il y ait contre-ordre. Dans tous les cas, les provisions sont faites. J’ai prié Mme Pierceau de venir avec elle à fin que tu ne sois pas inquiet de nous voir seules. Je prends un tas de précautions pour ne pas te donner de jalousiesa qui sont absurdes et qui ne me réussissent pas du tout mais au moins je n’ai rien à me reprocher. Je m’aperçoisb que si d’autresc que toi lisaientd cette lettre, on pourrait donner à la précaution que je prends de ne pas être seule avec Mme Krafft une interprétation hideuse et à laquelle ni toi ni moi ne songeons. Voilà ce que c’est que la précaution : pour éviter un mal, on tombe dans un pire. Enfin, mon adoré, si Mme Pierceau ne pouvait pas venir, ne t’inquiète pas de notre tête-à-tête, nous n’avons aucun SECRET CRIMINEL ou autre à nous communiquer. Le temps se refroidit et se gâte de plus en plus, on dirait que le Bon Dieu est jaloux du bonheur que nous nous préparons, c’est pourtant bien légitimement gagné. D’une part le courage et le dévouement le plus admirable, de l’autre l’amour le plus passionné et le plus fidèle, qui donc aura le droit d’avoir un mois de bonheur sur toute une année si ce n’est nous ? Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 239-240
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « jalousie ».
b) « m’apperçois ».
c) « d’autre ».
d) « lisait ».


17 août [1839], samedi soir, 4 h ½

Je veux t’écrire auparavant que mes convives ne soient arrivées, car une fois-là, il n’y a plus qu’à parler de toi, mais non à t’écrire, attendu qu’elles ne peuvent pas prendre part à la rédaction. Oh ! Que je t’aime, mon adoré, toujours plus, quoique je t’aime de toute mon âme depuis le premier jour où je t’ai vu. Aime-moi bien aussi, mon ravissant petit homme, pour que mon bonheur soit égal à mon amour. Va, tu n’as rien à craindre de moi, d’ailleurs, mon pauvre adoré, il n’y a pas une femme à ma place qui pourrait te préférer un autre quel qu’il soit. Qui peut-on te comparer, mon Dieu ? Les rois, les puissantsa, les riches, tout cela ne te va pas à la cheville et ce n’est pas au point de vue de ma passion que je te parle ainsi, mais tous ceux que je viens de citer s’ils pouvaientb se changer en TOI n’hésiteraientc pas une seconde. Va, sois bien tranquille, tout mon moi est bien à toi, mes yeux ne voient que toi, ma bouche ne s’ouvre que pour laisser passer mon amour, mes lèvres ne touchent qu’à ta bouche, mes bras ne s’ouvrent que pour toi, mes pensées sont faites de ton souvenir, mon âme de mon amour, tout est toi. Aime-moi, mon adoré, et je serai la plus heureuse femme du monde.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 241-242
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Jean-Marc Hovasse

a) « puissans ».
b) « s’il pouvait ».
c) « n’hésiterais ».

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