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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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1er décembre 1836

1er décembre [1836], jeudi après-midi, h.

Bonjour, mon cher bien-aimé, j’ai fait la paresseuse parce qu’à mon ordinaire je ne me suis endormie qu’à trois heures, cette nuit, et mon sommeil a été souvent interrompu par le souvenir de mon souper qui me pesait plus qu’un remords, je t’en réponds.
Il fait un temps délicieux mon Toto chéri, je voudrais être avec vous sur une IMPÉRIALE quelconque. Je vous assure que je goûterais une félicité toute royale et que je ne demanderais rien autre, même pour MES ÉTRENNES. À propos d’étrennes, je te prie mon Toto de ne voir dans mon insistance que le plaisir d’avoir un souvenir de toi. C’est un enfantillage peut-être, mais enfin j’y tiens. Seulement je veux que tu me traites en vrai enfant et que tu me donnes le moindre joujou, quoi que ce soit, pourvu que ce soit quelque chose à l’intention du jour de l’an.
J’ai acheté ma dentelle ce matin. Je crains que tu ne me grondes, j’ai pourtant tâché de faire ce que je croyais le mieux.
Je t’attends pour avoir les oreilles tirées et pour baiser votre main qui me frappera, car je suis et veux être toujours votre pauvre chien.
À bientôt, n’est-ce pas, je t’aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 195-196
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette


1er décembre [1836], jeudi soir, 4 h

Voici déjà la journée écoulée, mon cher petit Toto, et vous n’êtes pas encore venu embrasser votre pauvre Juju qui vous aime de toute son âme. Ne croyez pas pourtant qu’elle grogne et qu’elle mouzonne dans son coin, car vous vous tromperiez. Elle est très impatiente, très désireuse de revoir son cher petit Toto, mais enfin elle attend.
Il fait un temps de printemps. Si tu pouvais me faire marcher ce soir, cela me ferait grand bien, je le sens. Et puis j’ai été un peu tourmentée cette nuit par mon gigot. Et puis, et puis, je serais avec vous, ce qui est la meilleure et la plus hygiénique des raisons. Il me semble que j’ai entendu les fumistes dans la cheminée. C’est pour le coup que nous ouvrirons portes et fenêtres.
Je vous attends toujours, je pense à vous toujours et je vous aime toujours de plus en plus, ce qui ne laisse pas que de faire un bon tas d’amour.
Où êtes-vous à présent ? Pensez-vous seulement un peu à moi, et avez-vous le désir d’appuyer votre bouche sur la mienne ? Dans ce cas, à bientôt, je l’espère.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 197-198
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

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