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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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27 octobre [1836], jeudi midi, 11 h. ½

Mon cher petit homme, vous êtes mon bien-aimé, mais vous êtes aussi mon pauvre Toto, car je conviens que je vous ai mis dans un triste état pour jouer aux dames. Néanmoins vous êtes encore fort présentable pour vous présenter en SOCIÉTÉ, et je connais plus d’une femelle qui s’accommoderait fort bien de CE QUI EN RESTE. Depuis que je veux faire ramoner, laisse le chat, je n’entends pas un seul industriel ou Pair de France, ce qui me contrarie d’autant plus fort, que j’ai fort peu de temps pour me mettre en état avant l’arrivée du tapissier 712 ! Je voudrais bien savoir ce que vous faites de tout l’argent que je vous donne ? Vous saurez, mon cher petit homme, que je ne vous permets de le dépenser que pour acheter un privilège ou pour corrompre un chef de division quelconque, si non, non. Je retire ma subvention.
Je vous aime, cela doit vous suffire, et vous ne devez pas exiger que je vous paie.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16328, f. 82-83
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette


27 octobre [1836], jeudi soir, 6 h. ½

Mon cher petit homme, j’ai fait bien des choses depuis que vous êtes parti. D’abord laisse le chat à sa toilette faite. Ensuite, j’ai acheté une quantité innombrable de paillassons carrés, longs, en jonc, en osier. Je ne me connaissais plus : quand on prend des paillassons, on n’en saurait trop prendre, ça n’empêche pas que j’en achèterai encore un autre samedi quand on m’apportera un balai de chiendent (vous me direz l’orthographea du chien).
Avec tout cela je ne vous ai pas revu depuis tantôt. Qu’êtes vous devenu ? Vous m’avez demandé beaucoup d’argent depuis deux jours. Serait-ce que vous seriez en train de séduire et d’éblouir une sauteuse ou de payer de la viande à quelqu’une qui voudrait de vous ? Je voudrais bien voir ça avec mon GRAND COUTEAU.
En attendant je me morfonds à vous attendre, je me fourre toutes sortes d’idées plus bêtes les unes que les autres dans l’esprit que je suis censéeb avoir, ce qui me rend l’existence on ne peut plus agréable.
Je prendrai un beau jour la diligence pour vous attraper, nous verrons si j’en viendrai à bout.

J.

BnF, Mss, NAF 16328, f. 84-85
Transcription de Claudia Cardona assistée de Florence Naugrette

a) « ortographe ».
b) « sensée ».

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