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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 17 nov[embre] [18]72, dimanche matin, 8 h. ½

Tu peux voir, mon cher bien-aimé, par l’heure que j’accuse et qui m’accuse que j’ai manqué à notre rendez-vous, ce dont je suis très confuse et très punie aussi. C’est ma bête de nuit blanche qui en est cause ; mais cela ne m’excuse pas, et me console encore moins. Donc, c’est ma faute, c’est ma faute, c’est ma très grande faute si je ne me suis pas trouvéea là pour happer au passage le baiser que tu m’as envoyé. J’ai pourtant ouvert ma porte pour mieux regarder dans ta direction et j’ai humé l’air de tous mes poumons pour tâcher de retrouver la piste de ce baiser ; mais, hélas ! Je suis revenue bredouille. Peut-être ce pauvre baiser se trouvait-il englobé dans le vol de plusieurs autres et ce sera-t-il égaré ? Cela ne serait pas impossible, dans le nombre de ceux que tu lâches dans toutes les directions : dans les rues, dans les bois, autour des fontaines et près des bureaux de poste. Pour moi je commence à me fatiguer de ce Steeple Chaseb [1] sans fin ni trêve et mon vieux cœur découragé finit par y renoncer de guerre lasse. Donc, je te laisse à ton braconnagec pour ne m’occuper que de la proie qui ne peut pas m’échapper : une prompte crevaison. Cela fait, sois heureux, amen.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 318
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

a) « trouvé ».
b) « Steple Chease ».
c) « braconage ».

Notes

[1Steeple-chase : course d’obstacles.

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