Guernesey, 6 sept[embre] [18]72, vendredi matin, 7 h.
Bonjour, mon doux grand bien-aimé, bonjour avec toute mon âme et à travers le sourire de Petite Jeanne et de Petit Georges. Si ta nuit a été très bonne la mienne ne lui [a] pas été inférieure. J’espère que tout le reste de ma journée s’en ressentira et que je ferai un peu plus d’honneur au bonheur que tu répands autour de toi depuis ton retour. J’ai oublié de te demander s’il y aurait voiture tantôt et j’ai oublié aussi de te dire qu’Ambroisine et moi allions nous trouver à sec d’argent pour le marché demain. Je tâcherai de penser à te le dire tantôt afin que tu puissesa aller à la banque d’ici là. Enfin, si le souvenir de mes Bretons [1] peut t’intéresser je te dirai que j’ai reçu une lettre de ma nièce très touchante et très tendre où elle me prie au nom de toute sa famille et au sien de t’offrir leur très ardente admiration et leurs très humbles respects. Je compte lui répondre tout à l’heure car depuis que je suis ici je ne leur ai pas encore écrit et je vois qu’ils commencent à en être tristes [2]. Cher adoré, je les aime de t’aimer, de t’admirer, de te vénérer et de t’adorer comme moi-même. Je te bénis.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 247
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette
a) « puisse ».