Paris, 3 août [18]72, Samedi matin, 9 h.
Bonjour, mon cher adoré je t’envoie tout ce que j’ai de meilleur dans le cœur et dans l’âme, puisse ta journée s’en ressentir en joie et en bonheur. Je viens d’achever les comptes formidables du mois de juillet montant en livres sous et deniers à 17, 058F. 18. Le mois d’août promet de n’être pas moins obèse que celui de juillet à en juger par les deux premiers jours. J’ai envoyé chez Charroin ce matin il n’était pas chez lui mais son fils s’est chargé de l’informer de l’avertissement quand il rentrerait. En attendant nous revoici en panne pour plusieurs jours… et le reste. Pendant ce temps les mauvais temps et les jours courts avancent à grand pas et nous n’aurons de notre fameuse villégiature que les rebuffades de l’hiver. Au reste je ne sais pas pourquoi je m’en plains, si ce n’est à cause de toi, pour qui le soleil et les longs jours sont si nécessaires à ta santé et à ton travail. Quant à moi, en dehors d’un peu de repos, je n’ai besoin pour vivre et pour être heureuse que de toi. Tu es à la fois ma lumière, mon soleil, ma santé et mon bonheur. Partout où je suis avec toi je me trouve bien et je te bénis et je remercie Dieu. J’espère te voir un peu tantôt avant le déjeuner jusque-là je te souris et je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16393, f. 222
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette