Guernesey, 24 juillet 1859, dimanche matin, 7 h. ½
Bonjour, mon cher petit homme ; bonjour, beau jour et bonheur aujourd’hui, toujours et partout. J’espère que tu as passé une bonne nuit, mon cher bien-aimé, et j’en suis bien contente. Seulement, je crains que notre petit festin à ciel ouvert ne soit bien compromis si j’en juge d’après le temps actuel. J’en serais doublement contrariée à cause de la contrainte que cela nous imposerait dans une maison étrangère un jour de DIMANCHE ! Du reste, le beau temps peut se décider d’ici à ce soir, espérons-le et attendons-le avec confiance et avec patience. Pendant ce temps-là, je prépare mes engins de guerre et je veille aux munitions. Nous verrons si les combattants leur feront honneur. Cher adoré, je me fais d’avance une joie de [manger ?] en compagnie de ton bon Charles, c’est la première fois de ma vie que ce bonheur et cet honneur me sont donnés et ce sera probablement la dernière car les circonstances ne me seront pas toujours aussi favorables. Laisse-moi donc célébrer cette rencontre heureuse et bénie avec tout ce que j’ai de [plusieurs mots illisibles].
BnF, Mss, NAF 16380, f. 165
Transcription de Mélanie Leclère assistée de Florence Naugrette