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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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19 novembre [1835], jeudi, 10 h. ½

Bonjour, mon cher adoré. Vous voyez comme vous avez tenu votre promesse de cette nuit. Maintenant, c’est fini. Je ne vous parlerai plus de cela jamais parce que c’est trop bête. Si vous m’aimiez, vous vous y prendriez autrement.
J’ai passé une nuit fort agitée. Le souvenir de cette fille y était pour quelque chose. Ce matin, Lanvin est arrivé avec les reconnaissances puis il est allé au Mont-de-Piété, mais il s’est aperçua que cette reconnaissance était de la rue des Augustins faubourg Saint-Germain. Il l’a emportée et il me la rendra le 28 quand il reviendra pour les autres. Je lui ai remis en même temps une assignation pour comparaître au conseil pour avoir manqué sa garde. Il pense qu’il ne sera pas condamné.
J’ai beau vouloir me raidir contre mon amour, je ne peux pas en venir à bout. Il faut bien que je te dise encore que je te désire, que je t’espère et que je serai bien malheureuse si tu tardes à venir et bien heureuse si tu viens tréteaux.
Mon adoré petit homme, je vous aime de toute mon âme. J’ai bien envie de vous et vous, si vous venez de bonne heure, je ferai tout ce que vous voudrez.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16325, f. 134-135
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « il s’est apperçu ».


19 novembre [1835], jeudi soir, 8 h. ¾

Je vous aime, je vous désire, je vous espère. Je suis bien contente de voir que vous vous portez mieux. Peut-être en profiterai-je à moins que MM. tels ou tels ne viennent ce soir et ne vous prennent tout votre temps, toutes vos pensées. Auquel cas, je resterais comme d’habitude triste et solitaire.
Savez-vous que je suis très vexée de savoir qu’il existe des sirènesa mâles ? Je croyais que c’était un attribut de notre sexe seulement, d’être moitié chair et moitié poisson. Je vois avec peine que vous partagez avec nous ce privilège. C’est égal. Vous avez été vaincu ce soir par un grimacier plus hideux que vous.
Mon bon cher petit homme, je souffre beaucoup ce soir. J’attribue ces souffrances à une certaine époque mais je crois que le remède serait de l’amour, beaucoup d’amour à très grande dose. Mais je suis vraiment très souffrante. De plus, je sens l’ail à pleine bouche. Ma servante a cru qu’il fallait en mettre à propos d’une simple salade, de sorte que ce soir, j’empoisonne à la lettre, et c’est ce qui vous fera prendre le prétexte que vous ne pouvez pas me sentir.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16325, f. 136-137
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « syrènes »

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