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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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21 octobre [1835], mercredi matin, 10 h. ½

Bonjour, mon cher petit homme. Je me réveille seulement à présent avec la tête lourde et douloureuse. Je m’aperçoisa que vous n’êtes pas venu encore cette fois, ce qui me prouve que vous avez encore travaillé toute la nuit comme un dératé, ou bien que vous ne m’aimez que très médiocrement. Mais je ne crois pas ça possible, attendu que je vous aime de toute mon âme et que l’amour [attire  ?] l’amour. « Il y a des cœurs qui sont de fer et des cœurs qui sont d’aimant. » [1] Le mien est d’aimant et le vôtre de fer. Je le réunis au mien et je suis heureuse, voilà tout.
J’ai un grand mal de tête et un malaise général des plus stupidesb. Je voudrais cependant secouer toutes mes infirmités afinc d’être en état de paraître devant toi et puis si tu viens me chercher pour aller au bois, il serait bon que je pusse me tenir sur les jambes et veiller au rangement de mes bûches.
Je vais me dépêcher de déjeuner et de me débarbouiller pour être prête quand tu viendras me chercher.
À bientôt donc, je l’espère, mon beau, mon noble, mon cher bien-aimé Toto.

J.

BnF, Mss, NAF 16325, f. 27-28.
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « je m’apperçois ».
b) « stupide ».
c) « à fin ».


21 octobre [1835], mercredi soir, 8 h.

Mon cher petit astronome, vous m’avez quittéea bien brusquement ce soir. Était-ce que vous aviez grande hâte de me quitter, ou bien était-ce le désir de revenir plus tôt auprès de moi ? Nous verrons bien. Quoi qu’il en soit, je suis rentrée chez moi vous aimant plus que jamais et désirant vous revoir aussitôt après que je vous ai eu quitté. Pour employer le temps que j’avais à vous attendre, j’ai dînéb, j’ai luc, je vous écris. Dans peu, je me débarbouillerai, je me coucherai et je vous attendrai sur de nouveaux frais. Et puis vous ne viendrez pas comme c’est votre habitude.
Ça serait cependant bien gentil si vous veniez, car mon amour brille d’autant plus que la comète [2] du ciel brille moins. Et avec un peu d’aide de votre part, nous pourrions l’orner d’une queue toute flambante et resplendissante mais il me faut votre collaboration pour cela. Sans vous, je ne suis qu’une pauvre planète bien humble que les plus subtils instruments en astronomie ned parviennent pas à découvrir.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16325, f. 29-30.
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « quitté ».
b) « dîner ».
c) « j’ai lue ».
d) « de ».

Notes

[1À élucider.

[2La Comète de Halley fut une des attractions de l’automne 1835. Hugo s’y intéressa. La période où elle était le plus visible se situait certainement entre le 12 octobre 1835 (passage au plus proche de la Terre) et le 16 novembre 1835 (passage au plus proche du Soleil). Cet événement était suivi de près par les journaux.

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