Bruxelles, 18 août [18]68, mardi matin, 7 h.
Qui me dira, mon pauvre adoré, si tu as passé une bonne nuit et comment tu te portes ce matin ? Personne, puisque personne ne te voita avant le déjeuner et que, d’ailleurs, tu ne te plains jamais. Dans l’ignorance où je suis tous les jours sur ces deux questions qui m’intéressent autant que je t’aime, je tâche de croire que tu es comme mon cœur le désire. Ce matin encore, j’espère que tu as passé une bonne nuit et que ta santé est toujours parfaite. J’espère aussi que Mesdames Hugo [1] ont eub toutes les deux une bonne nuit ainsi que petit Georges. Toutes ces espérances accumulées me font l’illusion d’une presque certitude et me donnent le courage et la patience de t’attendre toute la journée derrière mon volet fermé. Je pensais écrire aujourd’hui à mon neveu mais auparavant je veux appeler de nouveau ton attention sur ses capacités qui, peut-être, ne sont pas à la hauteur du travail qu’on doit lui confier [2]. Peut-être aussi est-ce incompatible avec sa fonction de professeur au collège car la nécessité de se trouver à heure fixe tous les jours à Saint-Louis pourrait peut-être être un obstacle à des occupations qui exigeraient sa présence au journal [3] dans le même moment. Enfin, mon adoré bien-aimé, je désire avant toute chose, même avant l’intérêt de mon neveu, que tu sois content et que tu ne regrettesc pas ta protection.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 227
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « personne ne te vois ».
b) « Mesdames Hugo ont eues ».
c) « tu ne regrette ».