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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 avril [1840], samedi soir, 4 h. ¾

À peine as-tu été parti, mon cher bijou, que le Dabat est arrivé. Voici ce qui a été convenu entre nous jusqu’à nouvel ordre de ta part. Une paire de bottes ordinaires, mais bien faites, une paire de souliers à boucles arrondies et puis enfin une paire de brodequins lacés parce qu’on ne les porte pas autrement, parce que les boutons n’attachent pas assez bien la guêtre et qu’ils sont sujets à se casser et à se perdre. Les brodequins seront en lastingue [1] et ne coûteront pas plus chera que les bottes ordinaires, et puis s’il n’a pas ta mesure exacte il te la prendra parce que c’est tout à fait indispensable. En attendant il va te faire tout de suite tes souliers et les bottes. Du reste il est très fâché que tu te sois torturé les pieds, il était très facile d’arranger la chose qui te blessait et dans tous les cas il te les aurait reprises. Une autre foisb je passerai outre ta défense et je m’en croirai et [ne les ?] souffrirai pas. J’ai Résisieux chez moi qui saute de joie dans l’espoir d’aller au petit AZARI [2]. Moi qui n’ai pas le même espoir et qui n’ose pas espérer que vous allez revenir tout de suite je ne saute pas de joie, au contraire j’aurais très fort l’envie d’être triste. Je vous aime Toto. Je vous adore mon petit homme, je voudrais baiser vos chers petits pieds car vous êtes autant mon enfant que mon bien-aimé. Je vous aime de tous les amours à la fois, mon généreux et ravissant petit homme. Vous seriez bien inspiré de venir me chercher pour me faire marcher auprès de vous, je n’ai pas de plaisir plus doux, après celui d’être couchée auprès de vous, que de marcher appuyéec sur votre bras. C’est un souvenir de nos premières promenades qui me ravit et me transporte au commencement de notre amour. En attendant je vais vous faire de la charpie et travailler à ma chemise. Résisieux continue de sauter et d’être la plus heureuse des FEMMES, moi j’en suis la plus AMOUREUSE. C’est bien assez pour une Juju.

BnF, Mss, NAF 16342, f. 53-54
Transcription de Chantal Brière

a) « chers ».
b) « autrefois ».
c) « appuiée ».

Notes

[1À élucider.

[2Juliette rapporte les paroles de l’enfant qui déforme le nom du Théâtre Lazazi, situé Boulevard du Temple. Détruit par un incendie en 1798, il fut remplacé par un café chantant puis devint le théâtre Petit-Larazi, lieu de spectacles populaires.

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