25 juillet [1840], samedi après-midi, 4 [h].
Te voilà revenu, mon adoré, et quoique tu ne sois déjà plus avec moi la pensée que tu es revenu, que tu peux d’un moment à l’autre avoir pitié de ta pauvre Juju et venir l’embrasser suffit pour me dilater la poitrine et me faire respirer plus à l’aise et penser avec joie que je t’aime et que tu es mon bonheur et ma vie. Je suis enfin entrée en possession de ce cher petit médaillon qui, après quelque chose de toi, est ce que j’aime et vénère le plus. Je te le prêterai de temps en temps, pas souvent et pas longtemps. Voilà mes conditions et puis je vous aime, baisez-moi vieux scélérat et revenez bien vite. Tu es absolument comme moi avec ce hideux Barthès, je ne peux pas le prendre au sérieux, et même plus, j’ai une répulsion involontaire pour ce vieux MACAIRE [1] du 17e ordre. Enfin nous en voilà débarrassés pour un bout de temps. J’ai fini d’arranger mes fleurs, cela me fait un bouquet magnifique. Merci Toto, merci Toto. « Ils creusèrent la terre environ à vingt pieds et ils trouvèrent une HARPE : – Justement j’en sais jouera (dit l’âne) » Victor Hugo, rapport scientifique sur les monuments historiques de Missouri, page 311, paragraphe 7, d’Amérique.
Jour Toto je t’aime, je sais bien que tu ne me feras pas sortir mais je t’aime. Jour, onjour, onjour. Je suis sans argent, mon adoré, j’en dois à la bonne et l’ouvrière finit sa semaine ce soir. Je te dis cela pour que tu le saches. Donne tes chères petites mains que je les baise, encore, encore, encore.
Juliette
BnF, Mss, NAF, 16343, f. 53-54
Transcription de Chantal Brière
a) « joué ».