Bruxelles, 23 septembre 1868, mercredi, 1 h. après midi
Comment a été ta nuit, mon cher bien-aimé, et comment va ton rhume aujourd’hui ? Voilà ce qu’il m’importe de savoir pour régler mon humeur selon le bulletin plus ou moins satisfaisant de ta nuit et de ta santé. Quant à la mienne, de nuit, elle a été troublée par un fort pyrosisa [1] mais dont je ne me ressens plus depuis ce matin. Je vais même très bien en dépit du mauvais temps et de l’ennui qu’il engendre. Peut-être ces premières grimaces d’hiver hâteront-elles le retour de tes Spadois [2]. Je le souhaite sans l’espérer beaucoup. En attendant, nous verrons si le jeune Millaud. sera exact au rendez-vous ce soir. L’hôtel est plein jusqu’à regorger de toutes sortes de gens y compris de tireurs anglais qui viennent prendre part à la fête GUERRIÈRE [3]. Tout cela remplitb la maison de vacarme et de tohu-bohu dont le service particulier de chacun souffre. Je ne m’en plaindrais pas si ton dîner ne devait pas s’en ressentir. Après cela, tu es si patient et si indulgent qu’il est probable que cela ne te fera rien et que même tu ne t’en apercevras pas, ce dont je t’admire et je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 264
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « un fort pyrhosis ».
b) « tout cela rempli ».