Bruxelles, 11 septembre 1868, vendredi, 8 h. du matin
Bonjour, mon ineffable grand bien-aimé, bonjour, comment as-tu passé la nuit ? Si j’en juge d’après moi, tu as dû très bien dormir. Nous verrons si mon cœur a deviné juste. En attendant, j’ai besoin de te dire combien j’ai été heureuse de votre charmante surprise hier [1]. Je ne m’y attendais pas du tout ; mais le bonheur est toujours le bienvenu et celui-là en particulier peut se passer d’avertissement. À preuve que, si tu veux m’en redonner un autre ce soir, je le prendrai à bouche et à cœur que veux-tu ? Cependant je ne veux pas me leurrer de cette bonne chance coup sur coup pour n’avoir pas une forte déception à la place d’une joie. J’attendrai que tu choisissesa toi-même l’occasion qui te conviendra le mieux ainsi qu’à ton bon Charles et à sa charmante petite femme. Il est bien regrettable que ton cher petit Georges ne soit pas encore de taille à excursionner. Quelle bonne petite recrue de voyage il aurait fait ! D’y penser, les baisers m’en viennent plein la bouche. Oh ! comme je vous aime tous et comme je t’adore, toi, mon grand bien-aimé !
BnF, Mss, NAF 16389, f. 252
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « tu choisisse ».