Guernesey, 3 juin 1868, mercredi matin, 6 h. ¾
Bonjour et bonne nuit, mon cher adoré, et vous ? Amour et sourire, et vous ? Bénédiction et bonheur, et vous ? J’attends votre réponse de cœur ferme et à âme déployée. Me voici de nouveau arrêtée dans mon admiration et sans savoir quand je pourrai la reprendre puisqu’il faut donner à Mme Chenay le temps de copier, ce qui est beaucoup plus long que de lire. J’ai bien de la peine à me résigner à cette dure nécessité et j’ai grand besoin de toute ma philosophie pour me faire prendre patience jusqu’au moment où je retrouverai ma pauvre petite Dea et Mylord Gwynplainea [1]. En attendant, je fais vie qui dure avec tout ce que je connais déjà de ce livre étonnant, terrible, merveilleux et sublime. J’en ai la tête et le cœur tout remplis. Tâche de ne pas laisser Madame Chenay manquer de copie. Pense à moi, souris-moi et aime-moi. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 154
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
[Souchon]
a) « Mylord Gwinplaine ».