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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 juin 1839

25 juin [1839], mardi matin, 9 h. ½

Au moment de t’écrire, mon cher bien-aimé, je m’aperçoisa que tu ne m’as laissé que du petit papier mais comme les toiseurs et les maçons sont de l’autre côté avec la bonne, et que je suis pressée de te donner le bonjour, je t’écris sur celui-ci. Tantôt j’en aurai du plus grand. J’ai là d’assez beaux vers sur toi, mon ravissant petit homme, mais je regrette de n’avoir pas lu ta réponse, car tu es de ceux qui donnent un bœuf pour un œuf.
Pourquoi n’es-tu pas venu cette nuit, mon amour, il y a juste huit jours que nous n’avons déjeuné ensemble ! Je pensais que puisque nous avions un peu d’argent devant nous, c’était le cas de venir te reposer auprès de ta pauvre Juju. Pour peu que ça continue, tu nous ferasb vivre comme des vrais cénobites tandis que nous pourrions vivre comme des BIENHEUREUX, ce qui serait plus SAIN et plus amusant. Baise-moi, Toto. Je vous aime et je vous adore de tout mon cœur.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 35-36
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « apperçois ».
b) « fera ».


25 juin [1839], mardi soir, 10 h.

Mon pauvre petit homme adoré, aime-moia, regarde-moib et vois comme je t’aime. N’aie pas peur, mon bien-aimé, tu n’as rien à craindre de moi car je t’aime et tu passes tes nuits pour moi. La mère Lanvin est venue me voir, tout bonnement parce qu’elle allait mieux et qu’elle était bien aise d’avoir un but à sa promenade. Nous n’avons parlé que de toi et un peu du théâtre de la Renaissance qui, par parenthèse, donne des pilesc de billets à 1 franc et à 10 sous à ses employés pour tâcher de simuler une recette avec la MÉDUSE [1]. Voilà ce qu’elle m’a affirmé, et je la crois, car elle n’a aucune raison pour exagérer, d’autant plus qu’elle tremble que le théâtre ne ferme à cause de son mari qui est d’un placement assez difficile, vu l’état où il est. En somme le théâtre jette un mauvais coton et je crains bien que le pauvre Lanvin ne l’enterre avant d’être lui-même bien mort. Baise-moi et aimons-nous en dépit de tous les SINISTRES, de tous les RADEAUX et de toutes les RUINES et de toutes les FAMINES qui nous passent sous les yeux et sois-moi aussi fidèle de cœur, d’action et de pensée que je led suis moi-même envers notre amour.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16339, f. 37-38
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « aimes-moi ».
b) « regardes-moi ».
c) « pilles ».
d) « la ».

Notes

[1Le Naufrage de la Méduse, opéra en deux actes de Friedrich von Flotow, livret d’Hippolyte et Théodore Cogniard, créé le 31 mai 1839 au Théâtre de la Renaissance.

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