Paris, 30 avril 1881, samedi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, ma mauvaise nuit devrait me donner le droit à une bonne pour toi. En est-il ainsi ? Machin dirait : peut-être et chose : qui sait [1]. Moi je dis tout bêtement que je ne sais rien encore mais que j’espère de toi une réponse satisfaisante quand j’irai te porter mon tendre bonjour et te faire penser à être prêta quand Paul Meurice viendra te chercher pour aller à l’Assemblée des actionnaires du Rappel.
En même temps je te demanderai ce que tu comptes faire de moi pendant que tu présideras ladite assemblée générale ? J’aurai deux choses à te proposer : la première, aller voir ma sœur que je n’ai pas vue depuis six semaines. La deuxième, d’aller aux magasins du Louvre où j’ai divers achats urgents à faire pour moi personnellement. Il est probable qu’aucune de ces deux propositions ne te paraîtra acceptableb à cause du peu de temps que tu accordes généralement à cette assemblée annuelle et que j’en serai pour mon béjaune comme toujours. Ce à quoi je consens d’avance et avec plaisir si cela peut te satisfaire. Dans tous les cas je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 95
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « prêts ».
b) « acceptables ».