Paris, 2 avril 1881, samedi matin
Mon pauvre cher bien-aimé, bien que ta nuit n’ait pas été bien fameuse je n’en espéraisa pas encore autant d’après l’état d’extrême souffrance où tu te trouvais hier avant de te coucher. Heureusement que mes craintes ne se sont pas tout à fait justifiées et que tu as pu passer une nuit assez calme, relativement. J’espère que cette dernière imprudence te profiterab et que tu attendras pour retourner au Sénat un temps plus chaud et que ton rhume soit tout à fait guéri. D’ailleurs pour la belle besogne qu’il brasse, ton Sénat, tu peux te dispenser d’y assister.
Autre guitare, le fameux prestidigitateur [1] qui devait prestidigitater chez toi ce soir ne pourra pas venir parce qu’il est attendu aujourd’hui à Versailles où il faut qu’il prestidigite. Mais ce n’est que partie remise, à ce qu’il dit ; en attendant il faut que Georges, Jeanne et autres, prennent patience et fassentc de nécessité vertu. Quant à moi je m’en bats l’œil. Pourvu que tu réussissesd à escamoter ton méchant bobo et à repincer ta belle santé d’autrefois, je me déclare satisfaite et heureuse.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16402, f. 68
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette
a) « je n’en n’espérais ».
b) « profiteras ».
c) « fasse ».
d) « réussisse ».