Paris, 5 octobre [18]79, dimanche matin, 7 h. ½
Cher bien-aimé, je salue ton réveil avec un sourire et avec un baiser comme je le faisais autrefois du temps de notre radieuse jeunesse, et c’est juste parce que je t’aime autant, sinon plus que dans ce temps-là, si c’est possible, et parce que mon cœur comme mon âme sont en plein épanouissement de foi et d’espérance dans l’éternité de notre mutuel amour.
Le soleil rayonne ce matin comme pour rattraper le temps perdu et moi je te bénis par la force de l’habitude comme je vis et comme je respire.
Lesclide vient d’arriver, il est déjà à la besogne. Moi je vais prendre un bain pendant ce temps-là. C’est pourquoi j’achève en courant ma chère petite restitus pour ne pas prolonger la bouilloire du bain. Je t’aime. Je t’adore dix cent mille.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 237
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette