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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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31 juillet [1841], samedia matin, 10 h. ¼

Bonjour mon cher bien-aimé, bonjour mon amour chéri. Comment vas-tu, mon bon petit homme ? Tu m’avais promis que tu viendrais te reposer auprès de moi, mon pauvre petit bien-aimé, et tu ne l’as pas pu sans doute, puisque tu n’es pas venu. Tu as cependant bien besoin de repos, mon pauvre ange, et ce serait un acte de raison que tu ferais en en prenant un peu. Mon pauvre petit homme chéri, si tu n’y prends pas garde, ton courage te jouerab quelque mauvais tour et qu’est-ce que je deviendrais moi, si tu étais jamais malade ? Pense à cela, mon amour, et viens te reposer auprès de moi.
Voici ma pauvre fille repartie de ce matin de très bonne heure. Elle a été encore cette fois-ci très gentille et très bonne fille ; j’espère que lorsque la raison sera tout à fait développée ce sera une bonne et charmante femme. D’ici là j’aurai encore plus d’une fois des craintes et des anxiétés à son sujet mais cela ne peut guère être autrement [1].
Je vais me remettre à copier tout à l’heure jusqu’à ce que j’aie tout à fait fini et puis tu m’en apporteras d’autre, n’est-ce pas mon bien-aimé ? C’est ma joie et mon bonheur que de copier les admirables choses que tu écris [2]. Je t’aime, mon Victor ravissant, je t’aime de toute mon âme. Quand te verrai-je, mon Toto ? Tâche que ce soit tout de suite. J’ai faim et soif de toi. Je t’adore mon bon petit homme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16346, f. 103-104
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette

a) « vendredi ».
b) « joueras ».

Notes

[1Cela fait déjà quelque temps que Juliette s’inquiète pour sa fille. En effet, sans ressources propres, elle ne peut envisager de garder sa fille auprès d’elle, Hugo ne peut s’investir davantage et elle ne peut compter sur son véritable père, James Pradier, qui ne joue pas son rôle. Juliette réfléchit donc au moyen le plus avantageux, ou en tout cas le moins désagréable, pour assurer l’avenir de Claire et en faire une femme honnête : trouver un emploi au sein même de son pensionnat de Saint-Mandé. L’adolescente y deviendra sous-maîtresse.

[2Hugo est en pleine rédaction des lettres XX et XXI du Rhin, « De Lorch à Bingen » et « Légende du beau Pécopin et de la belle Bauldour ».

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