Paris, 15 novembre [18]79, samedi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, puisque ta nuit a été bonne, puisque la matinée est belle, puisque je t’aime, c’est le cas d’être GEAI comme Pinson et c’est à quoi je m’applique avec l’espoir d’y réussir. En attendant je te signalea un tas de grosses lettres contenant pas grand-chose chacune si ce n’est celle venue du Cercle de l’Horizon de Marseille signée de plusieurs noms qui protestent contre les accusations portées contre toi par un délégué du congrès ouvrier.
« Ils déclarent répudier énergiquement toute solidarité avec lui.
« Ils tiennent à t’assurer de leurs sentiments de profonde estime et de sympathie et à te remercier d’avoir mis au service de la grande cause démocratique, l’intégrité de ta vie et la puissance de ton beau génie ».
Tu trouveras encore une lettre passionnée d’une señora española doña Josepha Pujol de Ballado [1] a vuestra ex [2] [mâ ?] q, b, v, m, le tout avec cet en-tête imprimé :
EL PARTHENON
REVISTA QUINCENAL ILUSTRADA [3]
Calle Fernando pasaje del credito 2
BARCELONAb
Ce petit spécimen andalou a de quoi émoustiller tes souvenirs fandangotiques et cacher [illis.] parmi lesquels ceux de la vieille armoricainec font une assez piètre figure. Aussi je ne t’en parle que pour la forme en y mêlant un peu des débris de mon vieux cœur.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 276
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « signalle ».
b) Le « n » de « Barcelona » est écrit à l’envers sur le manuscrit.
c) « armoriquaine ».