Veules [1], 7 septembre [18]79, dimanche matin, 10 h.
Cette fois encore, mon doux grand bien-aimé, les maisons m’ont empêchée de voir la ville ; à force de t’aimer j’ai oublié de te l’écrire. Pardonne-moi cette distraction dont tu étais l’unique et adoré objet. Je viens de t’envoyer la lettre et les vers de Coppée dans la lettre charmante et touchante du bon Lesclide ; tu me diras ce qu’il faut que je lui répondea à propos des lettres qu’il énumère. Peut-être ferais-tu bien de lui écrire à lui-même un petit mot qui le rendrait bien heureux et bien fier. Quant à la prière qu’il te fait à travers moi de de rester le plus longtemps possible chez tes bien-aimés amis, Paul Meurice et Vacquerie, loin des fatigues et des tracasseries de Paris, je la trouve bonne et désintéressée et je m’y associe en voyant par moi-même tous les jours combien cette vie calme et régulière et capitonnée de toutes les intelligentesb et délicates tendresses de Paul Meurice et de ses charmantes filles te font de bien [2]. Je trouve que tu ferais bien, en l’absence de tes enfants [3], de prolonger le plus longtemps possible le bonheur qu’on t’offre ici et à Villequier. Je n’ai pas le mérite du désintéressement en disant cela puisque moi-même j’en prends ma bonne part ; mais la vérité m’y pousse d’autant plus que je sens que tu ne peux pas faire un plus grand plaisir à tes chers hôtes que d’accepter leur filialeb hospitalité. Je t’aime. Je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16400, f. 214
Transcription d’Apolline Ponthieux assistée de Florence Naugrette
a) « répondes ».
b) « inttigentes ».
c) « filliale ».