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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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30 mars [1838], vendredi soir, 5 h. ½

Vous êtes incorrigible, mon petit homme. Vous me promettez toujours que vous allez venir et vous ne venez pas. Pendant ce temps-là, moi, je m’impatiente parce que le temps que je passe à m’habiller pour rien, je ferais autre chose de plus amusant et de plus utile. J’ai très mal à la tête et des douleurs de cœur très fortes, ce qui m’arrive chaque fois que je m’impatiente. Ce n’est pas que pour vous que les épreuves sont ennuyeuses, j’en sais quelque chose, moi qui vous parle. Je viens d’envoyer la bonne à la halle pour vous avoir à souper car j’espère bien que vous ne me ferez pas faux bonda comme pour ma sortie. Je compte sur lui pour me rabibocher de ce tantôt et puis me compléterb ma matinée. Je t’aime mon Toto, vous êtes très gentil, trop gentil même pour mon bonheur. J’espère qu’on aura trouvé la robe très bien ? Pour une robe simple, c’est ce qu’ilc faut. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 198
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « faux bon ».
b) « completter ».
c) « ce qui faut ».


30 mars [1838], vendredi soir, 9 h. ¾

Je me venge sur vos yeux en gribouillant le plus que je peux le noir de mon cœur sur le blanc de mon papier. D’ailleurs vous connaissez maintenant le remède à vos yeux, ainsi usez-en. Que vous êtes embêtant, convenez-en, de me faire habiller pour rien, surtout quand vous savez que vous êtes résolu à ne pas me faire sortir quand je vous le demande ! Je vous aime néanmoins malgré toute votre malice et toute votre méchanceté et peut-être à cause d’elles. Il est probable que si vous étiez autrement, je ne vous aimerais pas autant, c’est-à-dire de toute mon âme et de toutes mes forces. Soir pa, soir man, que je suis bête et toute la [campagne  ? compagnie  ?]. Je bisque, je rage, je ne mange pas du fromage mais c’est tout comme. Enfin je compte sur ce soir pourvu que cela ne me manque pas, je suis en jour de guignon et de bonheur. Nous verrons lequel l’emportera ce soir.

BnF, Mss, NAF 16333, f. 200
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

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