Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1838 > Mars > 28

28 mars 1838

28 mars [1838], mercredi, 11 h. du matin

Bonjour mon petit bien-aimé, bonjour mon petit homme. Je ne veux pas être injuste ni importune envers toi, aussi je te parlerai le moins possible de notre amour que tu laisses aller à vau-l’eaua sans te soucier de ce qu’il devient. Il fait un temps charmant mais comme je suis triste, je ne m’habillerai pas pour ne pas sortir, dans le cas où tu viendrais me chercher pour cela, ce qui n’est pas possible. Je t’aime, je t’adore, mon Toto, mais j’ai le cœur fatigué et malade à force de te désirer toujours et de ne t’avoir jamais. Si je m’écoutais, ce matin, je ne t’écrirais pas ou du moins je ne t’écrirais que ces deux mots seulement : je t’aime. Le reste ne vaut pas la peine d’être dit puisque tu n’y prends pas garde. Je me plains, je souffre, je te désire, je t’attends, tout cela passe sur ton cœur et sur ta pensée comme sur de la toile cirée. Il n’en reste rien, pas même la trace. Aussi quand je t’ai écrit je t’aime, la seule chose à laquelle tu tiennes peut-être par habitude, je n’ai plus qu’à fermer mon papier, tout est dit. Si par une exigence que tu crois être de la galanterie, tu veux que je barbouille de noir une feuille entière de papier blanc, j’ai trouvé le moyen que voicib... Je t’aime.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 192
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « à veau-l’eau ».
b) Suivent quatre lignes et demie d’un gribouillage rendu exprès illisible, semblable à celui d’un très jeune enfant.


28 mars [1838], mercredi soir, 9 h. ½

Je voudrais lutter avec vous de ruse et de méchanceté, mon amour, en ne vous écrivant pas ce soir, mais la paix que nous venons de signer entre deux portes ne me permet pas de suivre un plan si bien tracé pour nous faire enrager tous les deux. C’était de ne plus vous écrire jamais de la vie ni des jours et d’acheter à votre nez et à votre barbe la plus belle robe chinée, ramagée et en foulard du petit St-Thomas sans que vous y voyieza que du feu. Heureusement que vous vous avez eu le bon esprit de faire la paix avec votre rusée Juju. Elle renonce donc de ce soir à tous projets de vengeance et de férocité à la condition que vous continuerez d’être le meilleur et le plus juste des hommes. [Aussi  ? Ainsi  ?] mon cher petit homme adoré, plus de querelle, plus de malentendu et surtout plus de fâcherie même d’une minute. Je t’attends avec amour et je baise tes petites mains et ta belle bouche.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16333, f. 196
Transcription d’Armelle Baty assistée de Gérard Pouchain

a) « voyez ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne