11 février [1841], jeudi midi
Bonjour, mon adoré petit homme, bonjour mon Toto ravissant : je t’aime, mon cher petit Toto. Je me suis éveillée tard et j’ai attendu que Suzanne soit revenue d’acheter du papier mais je vais être bientôt prête, va. Je vais sauter en bas de mon lit dans moins d’un quart d’heure et il ne m’en faudra pas plus pour être prête. J’espère que je trouverai mon pauvre malade un peu mieux que la lettre ne me l’avait annoncé [1], je le désire de tout mon cœur.
Il fait un froid de loup ce matin, j’ai peine à tenir ma plume dans mon lit. Il y a une chose dont j’ai promis de ne plus vous parler, ce qui me gêne horriblement parce que je ne pense qu’à cela, et qu’à tout mot ma plume veut vous écrire pour vous en faire des reproches sanglants en dépit de ma promesse et de MA DIGNITÉ. Je tiens bon comme vous voyez et je crois que je me tire assez bien de mon SERMENT et de la juste indignation que m’inspirenta vos promesses si quotidiennement et si RELIGIEUSEMENT PAS TENUES. Je vous aime toujours comme si vous étiez le plus EXACT, le plus empressé et le plus amoureux des hommes. C’est bizarre mais cela est. Je t’aime.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16344, f. 133-134
Transcription de Gwenaëlle Sifferlen assistée de Florence Naugrette
a) « inspire ».