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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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18 août [1836], jeudi après-midi, 2 h. ½

Vous voilà partia mon cher petit homme. Dieu sait jusqu’à quand. Moi mon affaire est bien claire, présent ou absent je vous aime autant, seulement je ne suis heureuse qu’avec vous. Vous n’avez rien à craindre de moi, je vous aime mon cher petit Toto, je vous assure que c’est un fameux cadenas posé sur toutes les mauvaises intentions.
Je vais trémousser [1] un peu chez moi tout à l’heure mais avant j’écrirai un mot à Mme Pierceau.
Il me paraît mon Toto que vous ne viendrez pas ce soir. Cependant je serais fâchée que vous m’ayez laissé faire des dépenses inutiles pour un dîner que vous ne désiriez pas manger. Il est possible à la rigueur que vous en sentiez l’inconvénient et que vous ne veniez rien que pour cela. Auquel cas je vous en aurais toujours la plus vive reconnaissance. En attendant je vous aime, je pense à vous, je vous admire et je vous aime, deux choses inséparables.
Je vous baise la bouche et les cheveux comme à mon amant adoré et je vous baise les mains et les pieds comme à mon enfant bien-aimé.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16327, f. 248-249
Transcription de Nicole Savy

a) « partie ».


18 août [1836], jeudi soir, 6 h. ½

Cher bien-aimé vous êtes ma joie, mon grand Toto vous êtes mon bonheur, mon grand homme vous êtes toute ma vie. Vous m’avez apporté une bien jolie petite capsule [2], c’est grand dommage qu’il y manque un pied. Mais telle qu’elle est je la trouve ravissante et je la garde avec enthousiasme.
Mme Pierceau est venue tout à l’heure, elle est repartie presque aussitôt. Voici que nous avons trouvé un moyen de faire un très joli mantelet à peu de frais. Mais pour cela il faut que vous y consentiez mon amour, et c’est trop juste. Au reste si vous vous y opposez absolument je ne m’en vexerai pas et je trouverai que vous avez raison.
Dites donc mon cher petit Toto vous savez que je vous attends pour dîner, n’allez pas me jouer D’UN TOUR en ne venant pas sous prétexte que vous êtes plus ou moins à Fourequeux [3].
Je vous aime mon Toto, je vous aime de toutes mes forces, je vous aime de toute mon âme. Vous êtes mona cher petit Toto et mon gros O. À bientôt si vous n’êtes le plus faux et le plus coupable des hommes.

Juliette

BNF, Mss, NAF 16327, f. 250-251
Transcription de Nicole Savy

a) « mon mon ».

Notes

[1L’emploi non pronominal du verbe est vieilli ; il signifie s’agiter, s’activer.

[2Petite boîte, coffret.

[3Méchant jeu de mot, par l’ajout du e médian. Juliette, jalouse de la villégiature familiale, le reprend quelquefois.

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