Bruxelles, 16 août [18]67, vendredi, 3 h. après midi
Ne t’étonne pas de l’heure insolite de ma restitus, mon adoré, car l’explication en est bien simple : je suis allée au bain pour faire arranger mes pauvres pieds pendant que je suis encore à Bruxelles. Puis j’ai déjeuné en rentrant, puis je me suis peignée à fond, et voilà. Tout cela émaillé de la lecture du Figaro de mercredi à défaut d’autres journaux, lequel journal demande qu’on joue Hernani gratis comme le plus grand chef-d’œuvre littéraire et comme le plus grand succès connu au théâtre [1]. Je suis de son avis et bien d’autresa avec moi. Mais aura-t-on fait droit à sa demande ? JE ME LE DEMANDE. Je me demande encore bien plus fort si tu m’aimes. Mais je prends ma réponse pour la tienne : je t’adore.
J’espère que ta nuit a été aussi bonne que la mienne et que tout le monde va bien chez toi. Toujours pas de Paul Meurice ? Qu’est-ce qu’on décide pour demain ? Je t’attends pour faire mes préparatifs.
En attendant, je t’aime à cœur que veux-tu et je te baise de même.
BnF, Mss, NAF 16388, f. 219
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « bien d’autre ».