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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 17 octobre 1862, vendredi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon doux adoré, bonjour de mon lit où je suis retenue par un petit dérangement d’entrailles. Mais cela ne sera rien car je compte me soigner tambour battant, mèche allumée, pour être vaillante à mon cidre demain.
J’ai déjà un cataplasme bouillant sur le ventre, des têtes de pavots qui cuisent et de l’eau de riz qui se fait, ce sera bien le diable, la diète aidant, si je ne viens pas à bout de ce bobo piteux. J’ai du reste un beau et terrible spectacle sous les yeux. La mer irritée qui se cabre sous le vent. Pourvu qu’il n’arrive aucun désastre aujourd’hui, je ne regretterai pas l’espèce de plaisir angoissé que je prends par les yeux ce matin. Je pense avec pitié en ce moment à tes pauvres petits oiseaux dont une des fenêtres est restée ouverte toute la nuit ; pauvres petites bêtes, comme elles ont dû souffrir et comme elles souffrent encore ! Je ne parle pas du dégât plus ou moins patent que cela fait dans tes salons. À propos de salons, j’ai vu le salon bleu et la serre en pleine illumination hier et un grand va-et-vient, ce qui ne m’a pas étonnée puisque vous aviez grande réception. J’espère que toute cette agitation et tout ce plaisir ne t’ont point empêché de dormir toute la nuit et je t’en félicite en t’aimant de toute mon âme.

BNF, Mss, NAF 16383, f. 213
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa

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