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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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11 mai 1862

Guernesey, 11 mai 1862, dimanche matin, 7 h. ½

Bonjour, mon cher bien-aimé, bonjour, c’est-à-dire amour, gloire, santé, bonheur à toi ! J’espère que tu dors encore, sans préjudice d’une bonne grande nuit d’un bon sommeil. Tu as tant besoin de repos, mon pauvre adoré, que tu fais bien de prolonger le plus possible ta station dans le lit. Quant à moi, je suis levée depuis six heures, après avoir dormi presque tout d’une traite jusque là, à partir du moment où je me suis couchée. Maintenant, je me tiens à quatre pour ne pas me laisser aller à mes ivresses de plume quotidiennes. Le cœur me porte toujours trop à la tête ce qui fait que, sentant en moi un amour sublime, je ne dis que des divagations sans queue ni tête. Tu as beau me rassurer avec ta bonté et ton indulgence accoutumées, je n’en sens pas moins que je dois te paraître trop souvent bien bêbête et bien ridicule. Aussi je veux faire tous mes efforts pour être sobre en ne me grisant pas trop de mon amour et en me rationnant mes tendresses et en mesurant mon admiration. Cela n’est pas facile car l’ivrognerie de l’âme est encore plus incurable que celle de l’estomac. Je te baise cent milliards de fois et je t’aime à plein bord.

BNF, Mss, NAF 16383, f. 120
Transcription de Camille Guicheteau assistée de Guy Rosa

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