Guernesey, 19 novembre 1861, mardi, 7 h. ½ du matin
Bonjour, mon doux adoré, bonjour, je t’aime. Tu n’as pas encore ouvert ta fenêtre au soleil, ni à mes baisers, ce qui me fait craindre que tu n’aies pas très bien dormi cette nuit. Cependant, tu paraissais très bien disposé hier en me quittant. Après cela, mon cher petit homme, je sais aussi que tu travailles dans ton lit, ce qui fait que je ne m’inquiète pas trop de ta fenêtre toujours fermée. Quelle charmante petite promenade nous avons faite hier et comme je me sens toute heureuse chaque fois que les rares occasions d’être seuls ensemble se présentent. Hier, c’était encore plus que cela, c’était le moyen de remplir un devoir de conscience envers toi, en te faisant part de la confidence de ta petite belle-sœur [1], laquelle intéresse à un si haut point la santé de ta femme. Tu pourras agir maintenant dans cet intérêt si cher et de mon côté, je te promets de parler dans ce sens là à Mme Chenay, laquelle fera je crois tout ce qu’il faut pour tâcher de ramener la santé c’est-à-dire de lui sauver la santé et peut-être la vie. Mon Victor, je t’aime.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 156
Transcription de Sophie Gondolle assistée de Florence Naugrette