15 mars 1862

Guernesey, 15 mars 1862, samedi matin, 8 h. ¾

Rebonjour, mon cher petit homme, avec tous les joyeux signaux de tout à l’heure qui, je l’espère, sont l’expression sincère de ta bonne santé, de ta bonne humeur et de ton bon amour. Quant à moi, je t’aime on ne peut pas plus, ni mieux et je me porte à merveille. Sans compter que j’ai dormi jusqu’à huit heures ce matin ! Tu vois, mon cher adoré, que je suis très fidèle à mes engagements envers toi. J’espère que, de ton côté, c’est la même bonne foi.
Que je te remercie, mon grand bien-aimé, de m’avoir fait cette faveur immense de me donner le premier exemplaire de ton cher petit portrait qui est d’une ressemblance et d’une beauté incomparables^a. Je crois que, MALGRÉ sa petitesse de format, c’est celui qui rend le mieux la grandeur et la noblesse de toute ta personne. J’en suis heureuse et ravie jusqu’au fond de l’âme. Mais mon bonheur serait encore plus complet si je pouvais réunir tous tes chers portraits en un volume que je pourrais ouvrir et parcourir tous les jours, car la vue de chacun de ces chers portraits est pour moi un souvenir de tendresse, d’amour et de reconnaissance. Il faudra bien qu’un jour tu me fasses^b MON ALBUM. En attendant, je t’adore en chair et en os.

BnF, Mss, NAF 16383, f. 67
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette

a) « incomparable ».
b) « fasse ».