Paris, 28 avril 1882, vendredi matin, 8 h. ½
Nous avons eu bien raison, mon cher grand bien-aimé, de ne pas persévérer à attendre tes enfants [1] qui ne sont rentrés qu’à minuit et demia et très fatigués probablement. Enfin, les voilà revenus au bercail, Dieu soit loué, et qu’ils soient bénis autant qu’ils sont aimés, c’est tout ce que je leur souhaite pour leur bienvenue. Il fait un temps ce matin à ne pas mettre un toutou dehors. Heureusement que tu n’as pas de sortie obligatoire aujourd’hui. À ce propos pense à celle, très obligatoire, celle-là, de présider demain à une heure et demie l’assemblée des actionnaires du Rappel [2]. Et celle, non moins obligatoire d’aller entendre Got [3] dans les Rantzau [4] ce soir à neuf heures. Je te dis tout cela par le menu pour que tu tâches d’en saturer ta mémoire. Autre guitare, un télégramme de Vilain ainsi conçu et à moi adressé : « J’ai la place d’honneur à l’exposition. Guillaume, chef du jury, a fait enlever son buste pour faire place au maître. » Je suis ravie de ce petit triomphe pour ce pauvre garçon qui a fait ton buste, con amor [5], avec toute l’inspiration d’une admiration et d’un dévouement sans borne pour toi et qui a réussi. Autre chose, encore, maintenant, c’est un avertissement de la Direction Générale des Domaines et du Timbre de te présenter dans la huitaine, avec ton bail, pour acquitter les droits de la 2e période de ton bail de l’hôtel que tu occupes avenue Victor Hugo, 50. Je te porterai ce grimoire tantôt. En attendant je t’adore à bail que veux-tu et cœur content.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 67
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « demie ».