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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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25 mars 1839

25 mars [1839], lundi soir, 8 h.

Vous avez été bien méchant et bien stupide tantôt mais je vous pardonne car vous avez été très gentil après, et je vous permets d’être absurde autant que vous le voudrez, pourvu que la réparation ne se fasse pas attendre et qu’ellea soit aussi charmante que celle de ce soir. Vos atroces petites filles font un bruit infernal. Justement j’ai un mal de tête fou, ce qui fait que je goûte peu ce genre de charivari. J’aimerais mieux Crèce BORGIA. Je ne suis pas si bête comme vous voyez. Il est vrai que ça ne m’avance pas à grand-chose et que je ferais tout aussi bien de ne rien désirer du tout et d’aimer encore moins. Voici déjà l’heure passée pour aller au théâtre à moins que ce ne soit pour voir la chute du rideau, enfin, pourvu que je vous voieb ce soir et surtout que vous soyez gentil et bon comme tantôt, je me résigne. Ah ça, mon Toto, quand donc ferez-vous votre triage dans vos vieilles BOTTES ? Ce pauvre Lanvin viendra un de ces jours et nous n’aurons rien à lui donner, cependant je veux qu’il aille me chercher MLLE COCOTTE dans son sabot. Mon Dieu, que je souffre, je ne suis pas dans mon état naturel, ma tête est dans un état horrible, je ne sais ni ce que je fais ni ce que je dis. Je sais que je t’aime, voilà tout.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 301-302
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « que qu’elle ».
b) « voye ».


[25  ?] mars 1839, anniversaire de la naissance de mon Toto [1], après-midi, 1 h.

Bonjour toi que j’aime, bonjour mon cher petit bien-aimé adoré, bonjour, bonjour. J’ai baisé une à une chacune des lettres qui composaient les mots ravissants que tu m’as écrits cette nuit sur mon livre d’anniversaire et je regrettais de ne t’avoir pas auprès de moi pour t’adorer comme un bon et sublime petit homme que tu es. Pendant ce temps-là, toi, tu travaillais et tu ne pensais plus à moi, peut-être ? Mais moi je t’aime et je pense à toi bien plus que pour nous deux car mes facultés d’aimer, de penser et de sentir sont bien plus que doubléesa. Comme tu étais admirablement grand et désintéressé hier dans ce nouveau malheur qui te frappe. Tous les jours je sens grandir mon respect et mon adoration pour toi car tous les jours je découvre quelque nouvelle face de ta grande et sublime nature : mon Dieu, que je t’aime. Pense un peu à moi, mon Toto, si tu le peux sans te déranger. Je tâcherai de mon côté de t’attendre avec courage et résignation. Je t’aime, je t’aime, merci de tes ravissants vers de cette nuit, il me semble qu’ils nous porteront bonheur et que nous allons redevenir heureux comme les autres années où tu ne me quittais presque pas.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16337, f. 303-304
Transcription de Madeleine Liszewski assistée de Florence Naugrette

a) « doublés ».

Notes

[1Victor Hugo est né le 26 février 1802. Comment expliquer cet écart d’un mois ? Erreur de datation ? Cela fait-il un mois que Juliette attend que l’anniversaire de Victor soit fêté entre eux ?

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