Paris, 4 avril 1882, mardi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, je crains d’avoir été pour quelque chose dans ton insomnie de cette nuit et je me le reproche comme si c’était une faute volontaire. Cependant Dieu sait quels efforts surhumains je fais pour te cacher mon bête de bobo sans pouvoir y parvenir. Enfin, j’espère, à force de courage et de bonne volonté, triompher de cette crise prolongée. En attendant, je te supplie de ne pas t’en inquiéter et de me laisser geindre en toute liberté. Ce matin je me sens déjà beaucoup mieux qu’hier. Puisse la journée ne pas démentir ce bon commencement. Cher adoré, pardonne-moi ce radotage morose et égoïste.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 45
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette