Paris, 20 mars 1882, lundi matin, 10 h.
Cher bien-aimé, le beau temps persiste, comme mon amour, et je t’envoie dans un de ses rayons, à lui soleil, mon bonjour le plus épanoui. Il y a bien longtemps, déjà, que je suis levée mais j’ai pris un bain ce matin dont je me sens très bien. J’espère que ce mieux continuera et que je pourrai te sourire sans contrainte d’aucune sorte. Je te fais souvenir que la séance publique au Sénat aujourd’hui aura lieu à deux heures, toujours pour la question Primaire obligatoire. Voilà bien longtemps qu’on s’en occupe, espérons qu’elle touche à sa fin malgré le gavardage [1] de Gavardie. Il paraît que tu as écrit hier à Mme Floquet pour l’inviter à dîner ainsi qu’à deux autres personnes. Tu serais bien gentil de m’en dire les noms et quels jours tu leur as assignés afin de ne pas m’exposer à me trouver à court de places et de victuailles le jour où elles viendront. Cette précaution peut n’être pas inutile. En attendant que tu m’en informes je te baille tout ce que j’ai de meilleur en moi corps, cœur et âme.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 32
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette