Paris, 13 mars 1882, lundi matin, 8 h.
Nuit hideuse pour tous les deux, mon pauvre bien-aimé, mais temps exquis ce matin dont tu vas profiter, j’espère, en dormant à poings fermésa et moi en m’occupant de mon petit train-train quotidien qui fera diversion à mes divers maux. Tu as séance publique au Sénat à deux heures pour la continuation du projet de loi pour l’instruction primaire obligatoire. Il me semble que ce projet de loi doit t’intéresser plus que tout autre et que tu feras bien d’y assister un peu plus que pour les autres questions semi seria et peu obligatoires qu’on brasse en ce pays-là d’ordinaire. Mais je me permets ici des réflexions bien inutiles à moins que ce ne soit pour bourrer ma restitus un peu à courtb d’esprit, sinon de cœur, à preuve que je t’aime de toute mon âme et que je te bénis de toutes mes forces. Je tâche de vivre le plus que je peux et je te prie de m’y aider en m’aimant de tout ton grand cœur.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 24
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « à poing fermé ».
b) « accourt ».