Paris, 29 avril [18]79, mardi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, je me suis présentée deux fois déjà à ta porte qui n’était pas encore ouverte ; mais je viens d’apprendre que tu as passé une assez bonne nuit, ce qui ne me contente qu’à moitié ; je compte sur la matinée qui te rendra, je l’espère, tout le sommeil auquel tu as droit. Quant [à] moi, je suis mieux depuis que je suis levée ; j’espère que cet apaisementa se prolongera jusqu’à la fin de la journée ; je le désire pour toi et pour moi [car ?] qui suis à bout de patience et de courage. Perrin t’a écrit une lettre très aimable pour s’excuser de n’être pas libre encore cette fois d’accepter ton invitation pour samedi. Il viendra, dit-il, si tu le permets, te demander à dîner un de ces jours à l’improviste. Je ne me permets aucun commentaire, à toi d’apprécier la chose. Pendant que j’y pense je te fais souvenir que c’est demain mercredi que tu vas au Rappel [1] présider l’assemblée des actionnaires de ce brave et glorieux journal. Je tâcherai de savoir par Lockroy à quelle heure elle aura lieu et combien de temps, à peu près, elle durera. Cette information prise, tu décideras toi-même si je peux t’y accompagner et t’y attendre. Je t’aime, mon grand bien-aimé, je te bénis mon adoré.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF, 16400, f. 115
Transcription de Chantal Brière
a) « appaisement ».