18 janvier 1879

Paris, 18 janvier [18]79, samedi matin, 9 h.

Mon cher bien-aimé, j’étais allée tout à l’heure pour te féliciter de ta quasi bonne nuit et pour t’embrasser, mais quand j’ai vu que tu repionçais à poing fermé je me suis retirée sur la pointe du pied en retenant mon haleine pour ne pas te réveiller. Tu feras bien de rester sous les couvertures le plus tard possible car il neige dru^a et serré. Hier je n’ai pas eu le temps de te parler d’une grosse lettre venue de Guernesey je ne sais quand et ouverte par je ne sais qui, trouvée par Lesclide dans les lettres et les journaux^b déjà anciens. Je n’ai pas pu vérifier la date de son arrivée parce qu’il avait eu, lui Lesclide, la distraction de jeter l’enveloppe timbrée aux vieux papiers^c que Mariette a immédiatement^d brûlés. Cette lettre contenait, outre les compliments de la saison de M. et de M^me Corbin, les quatre notes que voici.
1^e la tienne montant à deux livres 10 sh. 60 F.
2^e la mienne montant à trois livres six shil. 79 F. 20
3^e la note pour les enfants deux livres 48 F.
4^e la note pour M^me Lockroy une liv. dix shil. 26 F. 40
Total en argent de France pour les quatre notes 213 F. 60

Les quatre notes sont nominales et séparées
dont 74 F. 40 pour les enfants et M^me Lockroy et pour toi et moi
–139 F. 20 cette surprise n’a rien de bien réchauffant mais mon devoir est de t’en informer
213 F. 60 avec tous les compliments de mon cœur et de mon âme.

[Adresse]
Monsieur Victor Hugo, avec les quatre notes nominales du Docteur Corbin

BnF, Mss, NAF 16400, f. 19
Transcription de Chantal Brière

a) « drue ».
b) « journeaux ».
c) « papier ».
d) « immédiation ».